Evariste Fopoussi Le 24 octobre 2019, sur instruction du président de la République, le Secrétaire General à la Présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh a écrit au DG du Port autonome de Douala Cyrus Ngo’o, pour lui demander de suspendre le processus de finalisation du contrat d’attribution du terminal à conteneurs.

On se rappelle qu’a la recherche d’un nouveau concessionnaire de son terminal à conteneurs, le Port autonome de Douala a écarté de la course le Groupe Bolloré à sa propre succession. Et après un appel d’offre âprement disputé, le choix a été porté sur la société italo-suisse TIL. Le groupe Bolloré a crié a l’injustice. Mais, si on laisse de coté les autres éléments techniques du dossier, rien que sur un plan purement financier, le total de toutes les redevances de concession proposées par l’italo-suisse TIL, sur les 15 années de contrat à signer, est de 357 milliards de FCFA contre 62 milliards de FCFA pour la concession de DIT filiale de Bolloré en cours d’achèvement.

En ces temps de tensions de trésorerie récurrentes dans les caisses de l’Etat, suite en particulier aux impératifs sécuritaires, si on ajoute les 96 milliards de pénalités de stationnement collectées par DIT auprès des operateurs économiques pour le compte du Port Autonome de Douala et jamais reversées a ce dernier depuis des années, on comprend qu’il n’y a pas match comme on dit souvent et le choix est facile pour le PAD si on ne tient compte que des intérêts du Cameroun.

Mécontent de cette décision, le groupe français a saisi les juridictions compétentes aussi bien en France qu’au Cameroun, en même temps que le Président Biya par une longue lettre ouverte signée de Cyrille Bolloré son directeur général. Seule réaction officielle a ce jour, le tribunal administratif de Douala a suspendu à titre provisoire l’appel d’offre lancé par le Pad. Mais estimant que la décision du tribunal administratif n’est pas suspensive de la procédure, le PAD a maintenu le processus qui a abouti au choix de l’italo-suisse Terminal Investment limited (TIL) déjà mentionné.

Malgré tous les avantages apparents que le choix de TILL offre au Cameroun et comme pour démontrer que les amis du Président ne sont pas toujours économiquement ceux du Cameroun, avec la récente sortie de Paul Biya, le groupe italo-suisse devra avaler la pilule amère et attendre que la décision de justice (une justice qui ne peut pas contredire le Président de la République qui est son chef) soit connue.

Aucun doute n’est donc permis, le Groupe Bolloré est bien parti pour rester.
Pour beaucoup d’observateurs, le revirement de Paul Biya est la suite des manœuvres de Jean Yves Le Drian, le ministre français de l’Europe et des Affaires Etrangères en visite au Cameroun, pour réintroduire le dossier de Bolloré dont la presse française révèle d’ailleurs qu’il est le parrain de baptême de Cyrille Bolloré le fils de l’autre et patron du groupe qui s’est invité chez Paul Biya il y a un mois pour plaider le dossier.

Par conséquent cette épisode du terminal à conteneurs du Port autonome de Douala qui rappelle celle qui a présidé a la concession du terminal a conteneurs de celui de Kribi en 2017 au même groupe Bolloré, est un signal clair au monde que la parole de notre pays n’est pas crédible. Il est bien parti pour encore plus alourdir notre image en matière de climat des affaires dont la note a encore reculé dans le Doing business de la Banque Mondiale2019.

Évariste FOPOUSSI FOTSO

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