Find the english version here: Press release on the Government report on the Ngarbuh (North West) massacre investigation
Le SDF prend acte du rapport de la commission d'enquête sur les massacres de Ngarbuh survenus en février dernier ; rapport qui établit l'implication de certains éléments de nos forces de défense et de sécurité.
Si l'on s'en tient uniquement à ce rapport, le moins que l'on puisse dire est qu'il révèle des dysfonctionnements majeurs enregistrés au cours de la funeste opération notamment au sein du commandement militaire. De façon globale, force est de constater également à la lecture de ce rapport que c'est une affaire qui questionne la qualité des enquêtes de moralité qui devraient logiquement précéder les recrutements au sein de nos forces de défense et de sécurité ainsi que leur formation. Ce rapport interroge également les véritables missions qui leur sont assignées au cours des différentes opérations dans les deux régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.
L'enquête gouvernementale a débouché sur une évolution vers toute la vérité. Cette conclusion vient du fait que:
- Le gouvernement parle de morts civils survenus au cours d'un échange de tirs entre séparatistes et forces armées accompagnées d'un groupe d'auto-défense. Constance sur ce point qui contraste avec la version des ONG et des témoins qui parlaient et parlent encore d'une attaque, un massacre délibéré voire prémédité. Donc d'une descente punitive.
- Le gouvernement compte aujourd'hui 13 morts civils et 5 parmi les séparatistes. Une évolution. Dans ses différents communiqués de février dernier, le gouvernement ne reconnaissait pas plus de 5 morts civils. Bien plus, contrairement à ce qui avait été déclaré à savoir que le feu déclenché sur les maisons était dû à l'explosion d'une réserve de carburant au cours des combats, le gouvernement de la République reconnaît dans ce rapport que les soldats ont délibérément mis le feu pour effacer les preuves.
- Finalement, pour le gouvernement c'est un acte isolé de quelques militaires qui se sont écartés des protocoles d'intervention et dont les actions de ce fait ont provoqué la mort de quelques civils. Ces hommes de rang ainsi que le chef d'escadron incriminés ont par des faux rapports induit le gouvernement en erreur. Ce qui revient tacitement à dire que le gouvernement a donc par erreur communiqué en février sur cette "bavure" dont les responsables seront sanctionnés.
La vérité au fond reste implacable et établit certains faits jusqu'ici réfutés, notamment que :
- Des groupes séparatistes et d'autres groupes armés continue de stopposent aux forces armées dans les deux régions du Nord-ouest et du Sud-ouest et il y a bel et bien une guerre civile.
- Les groupes armés ont pris l'habitude de se fondre au sein des populations qui n'ont pas de choix et deviennent malgré elles et par peur de représailles, des boucliers humains.
- Les opérations dites de sécurisation de l'armée qui ont pour objectif de neutraliser les séparatistes armés deviennent difficiles. Il est pratiquement impossible dans plusieurs situations de mener une guerre propre, à savoir ne s'en prendre qu'aux hommes armés.
- L'armée utilise des « groupes d'auto-défense » qui, dans le contexte de la lutte contre Boko
Haram ou les incursions des groupes armés à l'Est ont tout leur sens. Ce qui ne saurait être
le cas dans le contexte de la guerre civile dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest où on observe que ces groupes sont soit des bandes de pilleurs et kidnappeurs à main armée soit des milices à la solde de certains pontes du régime et pire encore, parfois des milices tribales. II est impossible de faire croire à l'opinion, à la lecture de ce rapport, que l'utilisation de ces milices par l'armée n'était pas préméditée. - Il est impossible de rétablir l'ordre républicain en sous-traitant le rôle régalien des forces de défense et de sécurité.
- Le modus operandi de cette opération funeste est identique à de nombreuses autres opérations toutes aussi scandaleuses et dont certaines vidéos montrent des civils et des éléments des bandes armés tués et les habitations tout autour des victimes brulées par la suite. Ce n'est donc pas un cas isolé.
La justice militaire doit faire son boulot et les camerounais veulent savoir la vérité, toute la vérité
Il convient toutefois de saluer le travail de cette commission d'enquête. Il faut en tirer toutes les conséquences. La justice militaire doit faire son boulot. Elle doit être pleinement saisie après ce rapport. Les camerounais veulent savoir la vérité, toute la vérité sur ce qu'ont fait les différents incriminés ainsi que leurs donneurs d'ordre, s t il en existe, afin que d'éventuelles omissions, incohérences ou dissimulations soient levées. Il est normal que tous, sans exception, répondent de leurs actes. Ce sera un gage de ce que la justice est effectivement rendue et que le processus tant attendu de guérison (réconciliation) nationale est entamé.
Au demeurant, le gouvernement devrait saisir cette occasion pour apporter des réponses factuelles sur manifestement beaucoup d'autres crimes, assassinats ou massacres perpétrés depuis le déclenchement de la crise dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Ces scandales doivent être élucidés. Les camerounais ont le droit de connaitre les auteurs et les commanditaires de tous les drames horribles et collectifs qui ont endeuillé plusieurs familles et le pays tout entier depuis le déclenchement de cette crise dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
Le SDF, a une profonde pensée pour les défunts et adresse une fois de plus ses sincères condoléances aux familles éprouvées qui vont devoir subir cette fois-ci la terrible épreuve morale de l'exhumation des corps de leurs proches. Personne ne devrait vivre cela.
La question d'ordre politique est celle de l'opportunité et de la pertinence de l'option militaire à ce jour
Enfin, la question d'ordre politique qu'il convient de poser est celle de l'opportunité et de la pertinence de l'option militaire à ce jour. Sur la base des conclusions de ce rapport, cette question se pose et se posera toujours avec acuité si le statu quo actuel est maintenu. Chaque fois que nous refusons de regarder froidement la réalité crue des éléments constitutifs de cette crise et les causes réelles de cette guerre inutile, nous laissons la place à un autre massacre de Ngarbuh. Les actions attendues après toute enquête ne doivent pas se limiter à la justice qui doit être rendue, mais au fait que les leçons apprises garantiront qu'il n'y aura plus jamais d'autres incidents sinistres de même type. Aujourd'hui, il est donc plus qu'évident que les conclusions du Grand Dialogue National doivent être mises en place de toute urgence. Ces conclusions qui sont loin d'être satisfaisantes sont surtout lentes dans sa mise en œuvre. Au demeurant, nous devons entamer ce processus et nous engager résolument à aller encore plus loin. Nous devons avoir le courage de discuter avec ceux qui dirigent ces groupes armés séparatistes. Nous devons également envisager résolument de progresser vers un véritable fédéralisme, qui est sans doute la meilleure option pour inverser ces événements tristes et nous mettre sur la bonne voie pour une résolution finale de ce conflit.
(é) Joshua Osih, 1er Vice-Président du SDF
Interview of SDF Senator Barrister Henry Kemende
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