Interview de Aboubakar Siroma, Président régional SDF Adamaoua, réalisée par Bertrand Ayissi pour L’œil du Sahel
L'Oeil du Sahel: Que pensez-vous du débat autour de la succession de gré à gré au sommet de l’Etat, qui a cours au cameroun actuellement ?
Aboubakar Siroma: Au SDF, on s'en tient à la Constitution de notre pays. Car pour une succession de gré à gré, il faut modifier la Constitution comme cela se dit dans les coulisse. Et à l'heure actuelle cette modification de la Constitution est inopportune. La succession doit être républicaine, et donc respecter la Constitution actuelle. Nous l'avons toujours proné dans notre parti. De fait modifier la Constitution régulièrement parce qu'on veut mettre tel ou tel à la tête de l'Etat, n'est pas de bon augure. Il faut passer par le Sénat et des élections libres et transparentes.
L'Oeil du Sahel: Croyez-vous que la succession républicaine soit rééllement possible, eu égard à l'affaiblissement du président du Sénat ?
Elle est possible même à l'heure actuelle. Il faut dire que sans une succession républicaine dans ce pays on doit s'attendre au chao. La succession qui a été faite de gré à gré entre Biya et Ahidjo, c'est du passé. Nous ne sommes pas à cette ère. Certes, dit-on, le Président du Sénat est gravement malade. La situation est déplorable, certains ont même annoncé son décès et après il y a eu des démentis. Mais dans ce contexte, il y a le Vice-Président du Sénat qui peut assurer l'intérim. C'est que si on ne passe pas par une succession républicaine, je me dis que le Cameroun sera dans de sales draps.
L'Oeil du Sahel: Le Vice-Président du Sénat, qui est du Grand-Nord, peut-il vraiment faire l'unanimité ?
Vous savez, la succession républicaine ne dépend pas de la région. Du coup, comme je le dis dépuis l'entame, il faut respecter la Constitution. Donc le lamido de Rey-Bouba, vice-président du Sénat, en cas de force majeure, doit assurer l'intérim et préparer les élections. Mais s'il faut faire du cafouillge électoral, pour installer qui que ce soit à la tête de la République, au SDF, nous pensons que ce ne serait pas pour apaiser les tensions les tensions dans notre pays. On ne se lève pas un matin, et on décide de dévenir Président de la République. On ne décide pas un de ces jours de devenir politicien. On le fait avec l'art et du tact. Donc les Camerounais doivent être extrêmement vigilants face à tooutes rumeurs et les ragots qui circulent. Il pourront ainsi vivre une succession républicaine et sans heurts.
L'Oeil du Sahel: A supposer qu'il y a une interruption du mandat présidentiel actuel pour une raison ou une autre, le SDF compte-t-il être de la course au fauteil présidentiel ?
C'est certain, nous sommes toujours prêts à conquérir la magistrature suprême. Ce, que ce soit le Chairman, que quelqu'un d'autre. Nous sommes toujours préparés psychologiquement. Vous savez, 30 ans d'opposition ce n'est pas 30 jours. Le SDF est un parti majeur qui connait les revers, les tours et les contours de la médaille du pouvoir. Nous avons cherché le pouvoir pendant des décennies.
L'Oeil du Sahel: Le SDF, qui a récemment célébré ses 30 ans, dans un conteste où le parti a perdu considérablément ses élus, le Chairman qui est absent, a quel état de santé ?
Le SDF ne se porte pas bien. Vous savez, les élections du 9 février dernier ont montré que le parti doive repenser à sa stratégie de rééquilibration régionale. Le SDF ne doit pas seulement penser que le Nord-Oest et le Sud-Ouest, en plus d'une partie de l'Ouest, peuvent faire l'affaire. Donc, nous pensons qu'il faille réfondre le Parti, le réorganiser. Le Chairman a dit dans une de ses récentes sorties que le SDF va rébondir. Nous avons l'habitude de tomber plus bas et de ses rélever. En 30 ans d'opposition, nous avons vu des vertes et des pas mûrs? Nous sommes donc en plein débat constructif pour permettre au parti de rébondir dès que le Chairman sera de retour des Etats-Unis.
L'Oeil du Sahel: Dans une région comme l'Adamaoua, le SDF fait-il encore peur ?
Vous savez que le parti est un mécanisme de réveil des consciences. Le SDF reste le SDF, quel que soit son niveau de chute. Le SDF est un parti qui fait peur et qui est capable de surmonter ses difficultés et aller plus loin encore. Pas comme nous voyons certains partis revendiquer sans proposer. Nous avons toujours proposé le cas du fédéralisme pour la situation du NOSO. Donc même dans l'Adamaoua, le SDF n'est pas mort; il est en hibernation et peut se réveiller à tout moment et conquérir tous les postes.
L'Oeil du Sahel: À quoi s'occupe donc les cadres et militants du SDF en hibernation, sans mandats et postes électifs ?
L'hibernation politique consiste en la réflexion, en la proposition des idées pour la réorganisation du parti. Nous avons postulé dans quelques communes de l'Adamaoua, et nous avons pu recouvrir nos cautions en allant au-délà de 5%; ça veut dire que le parti est vivant quelque part. Après le 9 février, nous avons commencé à nous préparer pour les élections régionales. En politique, on rébondit à tout moment. Tant que vous ne faites pas une liste, on peut considérer votre mort politique dans une région. Nous sommes donc en train de constituer nos 70 conseillers dans toute la région. Le moment venu, dès qu'on convoque le corps électoral, nous leur dirons de constituer les dossiers.
L'Oeil du Sahel: Le SDF a-t-il la base qu'il faut dans l'Adamaoua pour prétendre prendre part aux élections régionales ?
Quand on n'a pas de conseillers municipaux, comme c'est une élection à suffrage indirect où ces conseillers et les chefs de premier et deuxième dégré votent, à priori c'est difficile pour nous. Mais en politique tout est possible. Nous n'avons pas de conseillers municipaux issus du SDF dans l'Adamaoua, mais il y a des conseillers dissidents que ce soit dans l'UNDP ou le RDPC. De fait ils sont nombreux à se plaindre des dessous du partage entre eux et les maires. Donc, à partir de cela, on va constituer une base solide pour aller aux élections régionales.
L'Oeil du Sahel: Quel regard posez-vous sur l'Adamaoua, Ngaoundéré en particuler, sous lemagistère de l'UNDP dépuis trois mois ?
Déjà quand des alliés se battent et que l'un d'eux perd, je me dis que c'est juste le fusil qui a changé d'épaule. L'UNDP a toujours été l'allié du RDPC. Mais je tire, pour les trois premiers mois, un coup de chapeau au Maire de la Ville de Ngaoundéré, Bobbo Salihou. Il est en train de mener de grandes actions sur le terrain et espérons que ça va continuer. Je souhaire que pendant les 5 ans, Ngaoundéré change de visage. Concernant les actions à venir de l'UNDP, beaucoup de gens doivent s'attendre à beaucoup de choses. Mais je me dis que ça ne se fera pas avec un coup de baguette magique. Les Maires et les Députés feront ce qu'ils peuvent faire, mais ce que la population attend d'eux est immense, je ne pense pas qu'ils puissent réaliser tout cela d'ici 2025.
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