S’il est un secteur de l’economie nationale dont l’evolution depuis quelques années semble échapper a la classique loi economique de l’offre et de la demande, c’est bien celui du ciment. En effet, après près d’un demi-siècle de monopole de Cimencam de l’ancien groupe francais Lafarge, aujourd’hui rachete par Lafarge Holcim Maroc, pres de cinq sociétés se disputent actuellement le marché de la production du ciment au Cameroun. Il s’agit en plus de Cimencam, du nigérian Dangote, du turc Eren Holding, du marocain Cima et du dernier né Mira Company.
Mais alors que les camerounais s’attendaient à ce que du fait de l’abondance de l’offre sur le marché, le prix du ciment prenne une vois baissière, c’est plutôt le contraire qui se produit. Après un léger blocage ces dernières années du prix du sac de ciment autour de 4300-4500 FCFA, il s’est mis à grimper depuis le mois de janvier 2021 dans les quincailleries et autres points de vente, particulièrement le ciment produit par Cimencam qui a vu son son prix renchéri de 500 FCFA ! Immédiatement les autres producteurs se sont précipités de s’aligner sur le prix de Cimencam.
Cette augmentation trahit une entente délictueuse entre les producteurs de ciment à l’effet de maintenir le prix au même niveau depuis plus de cinq ans et de l’augmenter maintenant. Sinon, comment comprendre qu’en dépit de la multiplicité des producteurs, le prix du ciment reste si élevé au Cameroun ?
La fin du monopole jadis exercé par Cimencam, avait pourtant laissé augurer le contraire. Mieux, l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché avait laissé croire en de lendemains meilleurs pour les consommateurs camerounais. D’ailleurs, les nouveaux venus ne se lassaient pas d’annoncer l’embellie. Las, l’espoir suscité n’a duré que le temps qu’ils s’installent.
Tout laisse croire que ce qui se passe avec le prix du ciment au Cameroun est la résultante d’un intense lobbying entre les producteurs afin de maintenir les prix élevé. Cette entente entre les producteurs s’etend même a l’une des matieres premières qu’elles se procurent localement, a savoir le klinker (pouzzolane) que depuis quelque temps, Cimencam qui gere les meilleures carrieres dans le Littoral et le Sud0Ouest, vend même à certains de ses concurrents, malgré la baraille de preseance qui les oppose. Cette entente entre les producteurs de ciment est une menace a la libre concurrence qu’un gouvernement responsable doit fermement combattre.
Malhuereusemnt, il est a craindre qu’au royaume de la corruption qu’est le Cameroun, les réseaux des rétro-commissions, de prises d’interet et d’enrichissement illicite des décideurs a tous les niveaux, ont déjà pris le contrôle des choses. Et comme toujours, c’est le petit peuple qui paie le prix.
E. FOPOUSSI FOTSO
Membre du Shadow Cabinet du SDF