Joseph Mba Ndam, avocat et éminent juriste, homme politique et infatigable combattant du SDF pour le Changement au Cameroun, est mort cette nuit à Yaoundé. C'est un bref communiqué du SDF qui l'annonce ce matin.
"Le SDF a le regret d'annoncer le décès de l'Honorable Joseph MBAH NDAM survenu ce matin de suite de maladie.
Conseiller juridique national du parti, il a été sur le plan institutionnel Député à l'Assemblée nationale de 1997 à 2020, 1997-2007 Président du groupe parlementaire SDF à l'Assemblée nationale de 1997 à 2007 et et device Président de l'Assemblée nationale de 2007 à 2020."
L'honorable Mba Ndam était un homme du peuple qui prenait tous les risques et défendait toutes les causes dans toute la mesure de ses possibiliés. Profondement attaché aux idéaux de la sociale démocratie telle que l'égalité des chances et la solidarité, il a lutté jusqu'au bout pour changer le Cameroun en un véritable Etat de Droit libéré de la tyrannie, véritablement décentralisé sous la forme d'un Etat Fédéral au sein duquel s'expriment et s'enrichissent réciproquement toutes sa diversité.
C'est dire qu'il était opposé au mouvement secessionniste dit ambazonien qui lui a fait payer très cher son refus de se rétirer du système politique camerounais et de rejoindre les secessionnistes. Le 21 mars 2020 son convoi a été attaqué dans le département de a Momo dans la région du Nord-Ouest. Il y a eu plusieurs blessés mais l'Honorable Mba Ndam était vivant. Avant cela sa résidence et ses biens ont été attaqués et détruits, y compris par des incendies criminals ouvertement réclamés par les milices secessionnistes.
Conscient de la gravité de la situation et de l'urgence de résoudre la crise anglophone, il en a fait son cheval de batail ces dernières années à l'Assemblée Nationale.
Avocat de rénom international et homme de terrain, c'est tout naturellement qu'il portait à l'Assemblée Nationale ses critiques du systèmes judiciaire et en particulier la politique fatale du régime Biya de traduire des civils devant le tribunal militaire, mais aussi sur le fond la nature et la compétence même de ces tribunaux d'exception à juger les détenus anglophones. La vidéo ci-dessous montre juste un de ses discours sur le sujet à l'Assemblée Nationale.
Avant et pendant les dernières élections d'abord présidentielles puis plus tard législatives et municipalesau Umaru Ɓi Mbuldi, il a bataillé sur tous les fronts jusqu'à la Cours Constitutionnelle pour convaincre le regime Biya de l'impossibilité d'organiser des élections libres et transparentes dans les région du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (voir 3ème vidéo ci-contre). Hélas comme à son habitude le régime n'a pas écouté.
En mars 2019 il déclarait face à un quotidien local: «Le Président de la République n’a pas encore posé des actes de dialogue ! Cette crise perdure depuis trois ans, aucun dialogue n’a été entamé. Donc, si après trois ans, le doyen vient faire mention de cette crise, tant mieux parce que ça donne l’espoir que cette session pourrait être consacrée à la recherche des solutions définitives. Mais actuellement, ce qui nous préoccupe, c’est comment nourrir les populations déplacées et sans abris. Elles n’ont rien à manger et les femmes n’ont pas fait les champs… Nous avons des lois sur la liberté, nous avons le droit de manifester. Si un peuple n’est pas content, il a le droit de manifester. Mais, quand on vous arrête, vous met en prison, puis on vous fait passer devant le tribunal militaire, ce n’est pas des choses dont il faut parler».
Partisan convaincu du fédéralisme que le SDF porte dépuis sa cr&ation en 1990, Joseph Mba Ndam est cependant pr à accepter une solution intermédiaire comme le fameux statut spécial. Le SDF a participé de manière constructive au Grand Dialogue National et avait entre autres accepté de soutenir la création d'un statut spécial pour les régions dites anglophones, mais quelle ne fut la déception du parti lorsque le gouvernement présenta son projet de loi sur la décentralisation! L'honorable Mba Ndam était monté à la tribune et avait séverement critqué la supercherie. "Nous pensons que le modèle du Quebec est idéal, mais si nous sommes convaincus que la fédération est la meilleure option". Helas il ne fut pas écouté et la montagne accoucha de la souris que nous avons aujourd'hui.